Les risques psychosociaux (RPS) : et si on en parlait ?
Risques psychosociaux, c'est quoi?
Six salarié-e-s sur dix pensent que leur état de santé ne leur permettra pas de travailler jusqu’à la retraite. Un salarié sur deux est en situation de détresse psychologique, un sur quatre en risque de burn-out. Neuf salarié-e-s sur dix estiment que les conditions de travail doivent être améliorées ( baromêtre OpinionWay pour Empreinte Humaine - février 2023 ).
La qualité de vie au travail dans de nombreux métiers est dégradée et entraîne absentéisme, arrêts maladie.
Les risques psychosociaux (la CGT utilise également le terme "risques socio-organisationnels") recouvrent l'ensemble des risques professionnels qui portent atteinte à l'intégrité physique et à la santé mentale des salariés.
Ces risques peuvent entraîner des pathologies professionnelles voire des accidents de travail.
Facteurs de risque
- Intensité et temps de travail.
- Exigences émotionnelles
- Faible autonomie au travail
- Rapports sociaux dégradés
- Conflits de valeur
- Insécurité de la situation au travail.
Risques psychosociaux
- Violences externes : insultes, menaces, agressions, incivilités ..
- Stress : déséquilibre entre les contraintes et les ressources.
- Violences internes : harcèlement moral ou sexuel, conflits exarcerbés.
Conséquences pour le salarié
- Maladies cardiovasculaires
- Troubles musculosquelettiques
- Dépression et anxiété
- Epuisement professionnel ou burnout
- Suicide
"Les risques psycho sociaux (RPS) explosent" dénonce Jérôme Vivenza, représentant des salariés au sein du Comité national de prévention et de santé au travail. "Nous sommes dans une situation où il nous faut réinterroger les rapports que nous avons tous avec le travail".
Que dit la loi ?
Principes généraux concernant la protection de la santé
L. 4121-1 : L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
Ces mesures comprennent :
1° Des actions de prévention des risques professionnels ;
2° Des actions d'information et de formation ;
3° La mise en place d'une organisation et de moyens adaptés. L'employeur veille à l'adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l'amélioration des situations existantes.
L.4121-2 : L'employeur met en oeuvre les mesures prévues à l'article L. 4121-1 sur le fondement des principes généraux de prévention suivants :
1° Eviter les risques ;
2° Evaluer les risques qui ne peuvent pas être évités ;
3° Combattre les risques à la source ;
4° Adapter le travail à l'homme, en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé;
5° Tenir compte de l'état d'évolution de la technique ;
6° Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n'est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux ;
7° Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l'organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l'influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral et au harcèlement sexuel , tel qu'il est défini à l'article L. 1152-1 et L.1153-1 , ainsi que ceux liés aux agissements sexistes définis à l'article L4121-3
8° Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle;
9° Donner les instructions appropriées aux travailleurs.
L4121-3 : L'employeur, compte tenu de la nature des activités de l'établissement, évalue les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs, y compris dans le choix des procédés de fabrication, des équipements de travail, des substances ou préparations chimiques, dans l'aménagement ou le réaménagement des lieux de travail ou des installations et dans la définition des postes de travail.
A la suite de cette évaluation, l'employeur met en oeuvre les actions de prévention ainsi que les méthodes de
travail et de production garantissant un meilleur niveau de protection de la santé et de la sécurité des
travailleurs. Il intègre ces actions et ces méthodes dans l'ensemble des activités de l'établissement et à tous
les niveaux de l'encadrement.
L4121-4 : Lorsqu'il confie des tâches à un travailleur, l'employeur, compte tenu de la nature des activités de l'établissement, prend en considération les capacités de l'intéressé à mettre en œuvre les précautions nécessaires pour la santé et la sécurité.
La prévention
Combattre les idées reçues
- "Le stress , c'est dans la tête"
- "Les RPS, c'est pas si grave!"
- "Les RPS, ça ne concerne pas notre travail"
- "Le stress, ça fait partie du métier"
- Les RPS, ne pas en parler évite le problème"
Connaître les facteurs de risques
- Organisation du travail, des locaux
- Qualité des rapports humains au travail
- Qualité des rapports avec le management
- La conduite des changements éventuels
- Intérêt du travail , de sa qualité
- Pics d'activité
- Reconnaissance du travail effectué (y compris financièrement!)
- Autonomie (ou pas) dans le travail
Que revendique la CGT?
Une réelle qualité de vie au travail
Il faut se recentrer sur le sens et la finalité du travail. La Qualité de Vie au Travail telle qu'elle est pratiquée dans les entreprises et administrations ne répond pas à ces enjeux et n'aborde que les questions périphériques.
C'est la qualité du travail qui doit être discutée : se demander si chacun-e a lesmoyens de bien faire son travail et que celui-ci ait du sens.
La CGT revendique pour cela la mise en place de CHSCT élargis pour couvrir tous les travailleurs et que ces comités aient la possibilité d'intervenir sur l'organisation du travail et son impact sur l'environnement.
Elle revendique aussi le droit à la déconnexion et le droit de pouvoir contester individuellement ou collectivement l'organisation du travail. Les salarié.e.s devraient être consultés sur les choix stratégiques de l'entreprise, du groupe ou de la branche.
Associer les salariés à l'organisation du travail
"Le patronat n'est plus en capacité d'organiser le travail, c'est aux travailleurs eux-mêmes de reprendre la main sur celui-ci" constate Jérôme Vivenza.
Pour la CGT, 3 à 5 heures de réunion par trimestre sont nécessaires pour les travailleurs, sans leur hiérarchie,pour parler de leur travail, avec leurs représentants si possible. À ce temps là, s'ajouteraient 3 à 5h supplémentaires pour confronter leurs discussions avec leur hiérarchie et en présence de leurs représentants.
Il est temps de prendre le sujet des RPS au sérieux!
Propositions CGT pour des mesures immédiates pour la protection sociale et la santé au travail (juillet 2023)
Quelques ressources en complément
- CGT -repères revendicatifs -Fiche no 22 -Droit à la santé. Lire
- SFR Distribution - Harcèlement, pression, burn-out : une réalité chez SFR! Lire le tract
- La santé des postier.e.s, c'est notre affaire! (dans le cadre de la prévoyance santé) Lire le tract
- INRS - Les risques psychosociaux, ce qu'il faut retenir! - Lire
Vous constatez, vous subissez une situation de stress, d'e harcèlement, de mal-être dans votre entreprise , dans votre service?
N'ayez pas honte! N'ayez pas peur d'en parler!
N'hésitez pas à contacter un.e militant.e de la CGT!
Sources pour la rédaction de cet article : CGT, CGT FAPT, filpac CGT, CGT pôle emploi Lorraine, CGT insertion probation, INRS, DGT, Ministère du travail et de la fonction publique, Légifrance..